Éric mit la pile d’imprimés dans un dossier orange. Olivia lui avait envoyé une feuille de calcul avec les totaux de retouches pour les joints de porte qui coulaient. Et Jenny-Lynn lui avait transmis les prix et les quantités minimales de commandes (MOQ) que Patrick voudrait voir en premier. Le jeune ingénieur vérifia sa montre intelligente et savait qu’il était presque l’heure de sa rencontre avec le directeur du département des achats. Il prit une profonde inspiration, repoussa la chaise de son bureau et se leva.

“T’es capable” se dit-il. “Aujourd’hui, parle donc des coûts réels. La semaine prochaine t’auras tout le temps de te préoccuper de ton évaluation annuelle des performances.”

Éric se promena dans le couloir avec le dossier orange dans la main. Il hocha la tête à quelques collègues, des ingénieurs plus âgés qui pourraient probablement déjà compter les jours restants jusqu’à leur retraite. Le jeune ingénieur se dirigea à gauche et à droite vers le bureau du directeur des achats. Lorsqu’il y arriva la porte était fermée. Il pouvait entendre que Patrick était au téléphone – et que ça ne se passait pas très bien. Il cogna à la porte et attendait la réponse.

“Entre donc” Patrick lui lança.

Il était au téléphone en effet mais fit signe à Éric de s’asseoir en face de lui. L’ingénieur s’inclina rapidement et regarda le directeur des achats raccrocher le téléphone et secouer la tête de frustration.

“Ô ces vendeurs” soupira Patrick. “Ils promettent tous le prix le plus bas, mais ils ne peuvent jamais le livrer.”

Il prit une pause et sourit, mais d’une manière qui ne paraissait pas tout à fait amicale. “Comprends-tu ce que je veux dire, Éric?” demanda-t-il.

“Ô oui je vous comprends” l’ingénieur répondit avec confiance. “Parfois, le prix le plus bas entraîne des coûts plus élevés que personne n’aurait pu prévoir. C’est à ce moment-là qu’il est temps de vérifier les chiffres.”

“Maintenant tu parles comme je l’aime” répondit Patrick. “C’est bien une affaire de chiffres n’est-ce pas? Alors, regardons les prix et les MOQ que tu as à ta disposition. Quelle est donc cette compagnie de joints et que sait-elle de la fabrication de tracteurs?”

“C’est Elasto Proxy” Éric répondit. “Ils font partie de l’industrie de l’équipement lourd depuis 30 ans et ils sont bien plus qu’un simple fabricant de joints. Bref, j’ai tout ce que vous m’avez demandé.”

Éric ouvrit maintenant le dossier orange, puis il en sortit le devis de Jenny-Lynn avec les prix et les MOQ, et le donna à Patrick. Le directeur des achats vérifia les chiffres et mit le document de côté.

“Ce prix est plus élevé que ce que nous payons maintenant”, dit Patrick. “Les MOQ par contre ont l’air bien parce que nous ne voulons pas avoir un inventaire excessif, mais cela ne suffira pas.”

Éric s’attendait à une telle réponse. Il ouvrit à nouveau le dossier orange et en retira les feuilles de calcul d’Olivia cette fois-ci. Il les remit au directeur des achats et expliqua ce qu’il avait appris sur les coûts réels commençant par les 200 $ de déchets de matériaux.

“Ce n’est pas bon qu’ils gaspillent du matériel” avoua Patrick, “mais c’est un joint de porte à 10 $. Même si les installateurs en jettent deux par tracteur, cela ne nuit pas vraiment à nos bénéfices.”

“Les coûts de matériel sont le moindre de nos problems”, déclara Éric laconiquement. “Jetez un coup d’œil sur la deuxième page de la feuille de calcul. Voyez-vous les coûts de main-d’œuvre quand Isaac fait la retouche?”

Patrick regarda, lut, puis il fronça les sourcils. “Même avec un coup à la tête”, grommela l’ancien défenseur de hockey, “je ne pouvais pas rater ces chiffres. Notre taux de travail chargé est de 100 $ l’heure, il faut une heure à Isaac pour faire les retouches, et il a fait 100 joints jusqu’à présent. Cela représente déjà 10 000 $ en coûts de main-d’œuvre.”

“Cela devient encore plus pénible” dit Éric. “Jetez un coup d’œil sur la troisième page de la feuille de calcul. Il faut à Irène deux heures pour retirer un mauvais joint et en installer un nouveau. Heureusement Isaac n’a pas encore pris sa retraite, car notre taux de main-d’œuvre chargé nous ferait dépenser 20 000 $ pour seulement 100 joints.”

“C’est absurde” exclama Patrick. “Nous ne pouvons pas dépenser tant d’argent pour un simple joint de porte. Que fait le département des opérations pour résoudre ce problème et que fais-TU pour aider?”

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