L’appel téléphonique d’Éric à son patron s’était déroulé presqu’aussi ‘bien’ que sa visite au bureau de Patrick. Le jeune ingénieur savait que son jeu A n’avait pas été assez bon et il était toujours sous le choc d’avoir été mis à jour par le département des Achats. “Relève-toi de la glace et retourne au travail”, le patron d’Éric avait dit. “Va donc parler avec cette compagnie Elasto Proxy et essaie d’obtenir quelques bonnes réponses aux questions de Patrick. Sinon, tu pourras oublier de changer de fournisseur.”

Avec une tasse de café en main Éric composa le numéro de Jenny-Lynn, sa fournisseure de solutions de chez Elasto Proxy. Elle décrocha à la première sonnerie et pouvait deviner par la voix d’Éric que le jeune ingénieur avait vécu quelques moments difficiles. Éric expliqua qu’il lui fallait connaître les prix des joints et les quantités minimales de commande (MOQ). Puis il prit une autre gorgée de café, fit une pause et demanda à Jenny-Lynn si acheter un joint d’étanchéité était juste une question de bien connaître ces deux statistiques.

“Non, ce n’est pas le cas”, dit Jenny-Lynn à l’ingénieur. “Le prix et le MOQ sont importants, certes, mais ton entreprise doit aussi penser aux coûts réels et aux déchets de fabrication, en particulier avec toutes les retouches que l’on a effectuées. Quelqu’un t’en a-t-il déjà parlé auparavant?” Éric ne se souvenait pas avoir appris cela dans aucun de ses cours d’ingénierie, et ce fut le prix plutôt que les coûts réels qui importait à son entreprise.

“Les vrais coûts représentent la totalité de vos coûts de fabrication,” Jenny-Lynn expliqua. “Gardons les choses simples et limitons-nous à la main-d’œuvre et aux matériaux. La main-d’œuvre ne concerne pas seulement le coût de la main-d’œuvre de l’installateur. Cela comprend aussi le coût de la commande, de la réception, de l’inventaire, et ensuite de la livraison des joints à la chaîne de montage. Il y a même un coût pour garder les fournisseurs et inspecter la qualité de l’installation des joints.”

Éric prit une autre gorgée de café et demanda à Jenny-Lynn de continuer.

“Avec vos coûts de materiel”, ajouta-t-elle, “il ne s’agit pas seulement d’installation non plus. Vos coûts réels incluent le gaspillage de matériau, par exemple lorsqu’un installateur fait une mauvaise coupe puis jette une longueur de caoutchouc. Ici, cela vaut la peine de parler des MOQ – quelque chose que tu avais déjà mentionné auparavant. Acheter plus de matériel que ce dont on a besoin n’est pas une bonne stratégie commerciale”, ajouta-t-elle.

“C’est sûr”, Eric acquiesça. “Lorsque j’ai rencontré notre directeur des achats, il m’a dit qu’il ne voulait pas que des stocks excédentaires traînaient car ils bloquent la circulation d’argent.”

“Quoi d’autre t’a-t-il dit?” Jenny-Lynn demanda. “Je pense que cela nous aiderait de connaître toutes ses préoccupations.”

“Eh bien,” continua Eric, “il était assez contrarié par les ruptures d’inventaire. Ce n’est même pas les joints qui l’ont dérangé, mais toutes les autres pièces en caoutchouc et en plastique qu’il ne peut pas obtenir.”

“Intéressant”, dit Jenny-Lynn. “Il semble que votre directeur des achats ait de vrais maux de tête ! A-t-il mentionné l’une des huit formes de déchets de fabrication? Il s’agit du transport, de l’inventaire, du mouvement, de l’attente, de la surproduction, du sur-traitement, des défauts et des connaissances inutilisées.”

“Ho!” s’exclama Éric. “J’aimais mieux quand tu parlais des coûts réels et de leur relation avec la main-d’œuvre et les matériaux. C’est tout nouveau pour moi, cela. Pourtant, les déchets de fabrication semblent être quelque chose que Patrick, notre directeur des achats, comprendrait. C’est le genre de gars qui garde son diplôme d’école de commerce encadré sur son mur tu sais.”

Ce fut maintenant au tour de Jenny-Lynn de rire. “Il ne faut pas être diplômé d’une école de commerce pour comprendre ce genre de choses. Cela se résume toujours à la main-d’œuvre, aux matériaux et aux frais généraux de fabrication – s’il est acceptable d’introduire un autre terme.”

Éric dit que c’était bien le cas et lui demanda de continuer.

“Avec quelques statistiques de votre responsable des opérations,” poursuivit Jenny-Lynn, “je parie que tu pourrais convaincre Patrick de vérifier les coûts réels de votre entreprise, car il semble être un gars qui n’aime pas les déchets de fabrication – même s’il fait partie des frais généraux de fabrication.”

“Je ne suis pas sûr que Patrick aime beaucoup de quoi que ce soit”, plaisanta Éric.

Ils riaient tous les deux maintenant.

“Écoute,” poursuivit Jenny-Lynn, “je suis disposée à travailler avec toi pour obtenir les informations dont tu as besoin auprès du département des opérations. Veux-tu t’engager à organiser une réunion avec votre responsable des opérations et à m’y inviter? Nous pouvons faire un appel vidéo – c’est quelque chose que nous faisons beaucoup chez Elasto Proxy.”

Éric posa sa tasse de café et sourit.

“Faisons-le”, dit-il. “Je vais organiser un appel vidéo avec Olivia. Elle est notre directrice des opérations – une femme coriace, mais aussi agréable à travailler avec.”     

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